Vol 34 (2014): Special issue: Human Rights and Oral History: Stories of survival, healing, redemption, and accountability
Articles

Représentations de soi et positionnement social chez les membres de l’association familles de détenus-disparus à Santiago

Joannie Jean
étudiante au doctorat/ PhD candidate en/in sociologie, Université d’Ottawa
Published July 7, 2014

Abstract

Cet article examine les représentations de soi liées au passé chez les familles de détenus-disparus et leur influence à la fois sur les identités contemporaines des individus et leur positionnement social actuel. En utilisant le cas du Chili post-dictatorial, il met en exergue la façon dont les disparitions forcées continuent d’influencer les identités contemporaines des proches de détenus-disparus. En discutant des différentes identités présentes dans ce groupe, cet article met en lumière comment certains membres de l’association se représentent unilatéralement comme des actrices luttant pour les droits humains alors que d’autres se conçoivent comme les victimes d’un régime autoritaire ou de façon plus ambivalente. Finalement, il termine avec une discussion portant sur le positionnement politique de ces femmes. Au cours de cet article, deux principaux arguments sont avancés. Dans un premier temps alors que la littérature représente les membres de l’association comme des victimes de la dictature, cette étude démontre comment les identités ont plutôt évolué au fil du temps et dépendent lourdement du contexte socio-politique. Dans un second temps, il est également démontré que l’association a un certain pouvoir de circonscription sur ses membres relativement aux représentations de soi et du passé qui doivent être mis de l’avant. [This article looks at self-representation found among the members of the Association of Families of Detained-Disappeared as well as its influence on individual contemporary identities and social positioning. Employing the case of post-dictatorship Chile, it outlines how the disappearance of loved ones still influences the contemporary identities of relatives. By discussing the different identities present within this group, the article highlights how some of the members of the association represent themselves primarily as human rights activists whereas others see themselves as victims of an authoritarian regime, or in a more ambivalent way. Finally, it discusses how these women position themselves in contemporary Chilean politics. Throughout the article, two main arguments are advanced. First, where the literature generally represents them as victims of the dictatorship, this study shows that identities have evolved through time and depend heavily on the socio-political context. A second related argument is that the association has an influence on its membership to highlight certain self-representations and accounts of the past.]